jeudi 30 septembre 2010

à quoi bon changer de nom


Je referme le journal  de pirogue mais je continue le sketchbook project.

Pour le nouveau blog, je n'ai rien  trouvé  de mieux que  :  à quoi rêvent les laveuses
 ( aquoirevent.blogspot.com)


          Le "voyage sans retour"

La pirogue est un très long tronc d'arbre à pain évidé à l'herminette. (...)
Elle est profonde, sa coque en forme de V, et elle est reliée à tribord à un flotteur en bois de cocotier par trois longues branches de banian et des attaches en XX. Sur les bras du flotteur, les hommes ont construit un plancher en bambou pour transporter les vivres, les plantes vivantes et l'eau douce. Au centre de la pirogue est attaché un mât en bois  de banian auquel est fixée la voile en fibres de pandanus tressées, reliée à la tête de la pirogue par une corde, et en haut du mât à une vergue en bambou qui coulisse sur une poulie de bois noir.
Au centre de la pirogue, les femmes sont assises.

Jean Marie Gustave Le Clézio Raga, approche d'un continent invisible, Seuil, 2006

mercredi 29 septembre 2010

Refermer le journal


Avant que mon appareil ne rende l'âme, j'ai pris quelques photos des peintres de PNG.
Je me serais bien installée à leurs côtés  mais je n'ai pas osé.
Par contre, je n'ai eu aucune envie de me faire photographier à côté des danseurs.


Il est temps de refermer le journal de pirogue. Pour réouvrir quoi ?

mardi 28 septembre 2010

De nouveau des images

Au bout de trois mois, les articles disparaissent automatiquement du magasin. On peut les remettre sur les étagères en appuyant sur la touche RENEW pour la modique somme de O,20 dollars US. J'ai un peu hésité avant d'appuyer. Le commerce, ça n'est décidément pas pour moi. Allez encore trois mois, après on verra.
J'avais emmené du travail à faire et du courrier à écrire sur la pirogue, je n'ai évidemment rien fait. Au lieu de ça, j'ai badé, j'ai écouté et j'ai aussi un peu parlé. Maintenant ma tête est une pelote de ficelle pleine de noeuds impossibles à dêméler. Allez, quelques kataras ébobés et ça devrait s'arranger.

J'ai particulièrement aimé écouter les conversations devant l'installation au Centre d'Art. Tout ce que j'aime : écouter les conversations des autres sournoisement sans tomber le masque... Les kataras ahuris de Canala auront sans aucun doute des petits frères à Nouméa le mercredi après midi. " Oh la trop bonne idée, je vais faire ça avec les gosses en rentrant à la maison..."
Et des fois, ça vaut la peine de tomber le masque, ça bouscule mais ça permet de belles rencontres. Et d'autres rencontres en perpective.


Et une nouvelle petite boite à images a été déposée, avant l'heure, dans ma claquette. Merci à mon mécène patient et attentif. Il y aura grâce à lui de nouveau des images.

lundi 27 septembre 2010

Retour au quotidien


Retrouver un rythme, une respiration.  Utiliser les mots découpés pendant le voyage.  Faire comme le banian.

dimanche 26 septembre 2010

gdb

C'était annoncé. Après ces quinze jours trépidents, on se réveille ahurie (avec sur la tête la couronne de feuillages que nous ont offert les bébés lecteurs de Mme Jorédié). Comme les kataras au Centre d'art.
S'il n'y avait pas les objets on se dirait qu'on a rêvé. d'ailleurs on a rêvé.
On ne va pas tarder à refermer ce journal de pirogue. On fait encore durer le plaisir. Un dernier toulouk au petit resto du Black Pearl du Quai des Arts. Un dernier bougna, un dernier laplap et lundi régime.

samedi 25 septembre 2010

The end



Et voilà, c'est fini. On s'est fait nos adieux et parfois on s'est raté. On s'est échangé nos adresses comme après la colo. J'ai offert des tubes de peinture à Franck, il m'enverra des tapas vierges salomonais les meilleurs de tout le Pacifique. J'enverrai à Jane de Suva la robe de ses rêves tandis que je recevrai le sulu fidjien des miens.
 On s'est fait des cadeaux : les petites statues de pierre  de Brian (Salomon islands) , le collier coquillage des Fidjiens. On a acheté des souvenirs : un bilum papou pour chacun, une peinture de Juliette Pita, l'artiste d'Erromango, Vanuatu, un panier en jonc de la mémé de Kouaoua, mon exigeante copine de chambre de 81 ans  (et T'étais où ? et T'as fait quoi ? et Tu vas où ? et C'était qui ?), une jolie tunique bleue teinte par la discrète Kéline , aussi de Kouaoua.

Qu'est ce qu'un bilum ?
 Un Sulu ? sur les photos ci dessous pour les hommes comme pour les femmes
 Où est Kouaoua ? ici.


Echange Sulu contre robe popinée.

vendredi 24 septembre 2010

Bula

Outre les rencontres remarquables, cette aventure a de multiples intérêts. Je peux me faire une idée plus précise des souffrances du jeune Mano, j'ai les premières pages de mon guide relais et chateaux des internats de la capitale calédonienne.  Entre les ronflements de ma voisine et la bande de moustiques en goguette, la dernière nuit de pirogue a été brève. J'ai aussi passablement amélioré mon anglais océanien. Reste maintenant à choisir à quelle délégation nous allons choisir de rendre visite.
2012 Festival des arts du Pacifique à Honiara ( Salomon islands)
2014 Festival des arts mélanésiens à Port Moresby ( PNG)
En attendant pourquoi pas Fiji islands... Bula, bula

Port Moresby 2014 ?

jeudi 23 septembre 2010

Last days

Derniers jours dans la pirogue. Tout le monde a l'air fatigué sauf les rappers fidjiens qui sont toujours sur le pont.
Demain les pirogues des îles , du Nord et du Sud rejoignent la pirogue de Nouméa. Et vendredi, grande fête d'adieu. 24 septembre, jour férié,  ( jour du deuil kanak, puis jour des peuples originaires, rebaptisé aujourd'hui journée de la citoyenneté par Dewé Gorodé)



sisters from PNG


nice people from Fiji

some of the very kind Vanuatu delegation

les infatigables danseurs du groupe Pele
(Solomon islands)
les tresseuses de Bourail



mardi 21 septembre 2010

no foto nomo


Zut alors, petite boite à images, c'était pas le moment de me lâcher. Il reste les mots. Et l'imagination ...

lundi 20 septembre 2010

grande pirogue, petite pirogue et maison


J'ai sauté de la grande pirogue et j'ai  trouvé une petite pirogue pour aller jusqu'à Canala pour rejoindre la pirogue du Nord le temps d'une journée. Parce que  c'est quand même ma maison.


et là, mauvaise nouvelle, mon petit appareil photo a rendu l'âme...

dimanche 19 septembre 2010

artiste ahurie



Donc vendredi soir, j'étais une artiste. Et les kataras avaient l'air ahuri. C'est ce qu'a dit un visiteur. " Ils ont l'air ahuri." Il y avait de quoi.  Les petits fours et le Tout Nouméa, olala. ( Et je l'étais aussi ahurie..)

Elle m'avait dit avant de partir : n'emporte rien, tu trouveras tout sur place. Mais sur place, rien n'était aussi simple. Ici ce n'était pas comme la ville, où il suffit de se baisser, chaque grain de sable, chaque graine, chaque bambou  appartenait à quelqu'un. Restaient les palmes tombées des cocotiers et brûlées en tas, les nattes et les mots du journal. Voilà. Elle avait raison, je trouverais tout sur place. Et j'ai trouvé. Et je la remercie de son conseil et aussi de son exposition permanente rue d'Avron, près du paradis.

Je remercie aussi le mécène qui m'a permis de vivre cette résidence d'artistes dans cet endroit aussi improbable. Nulle part ailleurs, je n'aurais pu le faire. Seulement sur cette terrasse entourée de bambous, dans ce village de Canala si compliqué.

samedi 18 septembre 2010

drapeaux




Quand il était petit, Mano aimait beaucoup le jeu des drapeaux. Maintenant qu'il est grand, on dirait qu'il aime toujours les drapeaux. Surtout celui de PNG avec son oiseau de paradis. Mais aussi celui des Fidjiens, les plus boute en train des océaniens. Ici en Kanaky Nouvelle Calédonie, la question du drapeau reste entière... mais pas pendant le Festival des arts mélanésiens.


vendredi 17 septembre 2010

No wifi in the canoe




Evidemment pas de wifi dans la pirogue mais  les flûtes de pan des îles Salomon. Et pas seulement...

On a fini par  arriver.  Il était long le voyage avec des vagues hautes comme des montagnes.  Le soir, à l'internat du Lycée Jules Garnier, à Nouville, je relis Raga.  Et je n'en crois toujours pas mes yeux et mes oreilles d'être là parmi tous  ces gens de la Grande Mélanésie

mardi 14 septembre 2010

No foreigners in art


9OO  800 langues différentes  en Papouasie me confirme mon voisin de pirogue du Sepik oriental de la Nouvelle Bretagne..  
Et à Koné, on pouvait même lire du slovaque sur un sac. Merci à la casquette ( achetée à la biennale de Venise)  d'Andreas Detloff, l'allemand polynésien pour le message ...

lundi 13 septembre 2010

faire comme le banian

C'est un voyage extraordinaire des Highlands  aux Inlands de PNG, en passant par Kouaoua et le Costa Rica.  La rencontre des hommes. Trouver une petite place. Ah bon, j'ai l'air d'une caldoche, on aura tout vu , c'est Marie Claude qui me le dit. Et ma voisine d'internat qui est caldoche a l'air d'une zoreille.  Servir d'interprète à la tresseuse de Bourail  qui donne une petite leçon à deux dames papoues en attendant le bus ( prononcer beuss).
C'est un voyage extraordinaire qui ne fait que commencer.  C'est sûr demain je reprends mes ciseaux. Dans le journal ce matin : faire comme le banian , j'ai les 5 premiers pieds de mon haiku.

dimanche 12 septembre 2010

Evidemment, on m'a demandé un texte.  Pas facile. Mais c'est trop tard pour reculer. Alors un texte : 



Je vous salue dans le silence ( katara et takara)

août 2009-septembre 2010


(palmes de cocotier, natte en pandanus, papier, textile, coquillages, plastique, acrylique, encre)





A Fanny, Claudia, Louise, Marie Lambertine, Marcienne, Claire, aux femmes de Canala qui m'ont accueillie.


Masques ! Ô masques !
    Masque noir, masque rouge, masques blanc-et-noir
    Masques aux quatre points d'où souffle l'Esprit
    Je vous salue dans le silence
    (Prière aux masques, L S Senghor)


J'ai ramassé la première palme de cocotier dans le jardin. En la voyant au sol, j'ai pensé aux masques, chambranles des cases. J'ai peint le premier katara.
Partout où j'ai vécu, j'ai aimé les rebuts, ce que l'on jette, ce qui tombe par terre.

Dans le village, sur les cendres, au milieu des feux refroidis restaient les bases des palmes des cocotiers trop gorgées d'eau pour brûler. J'ai agrandi la famille. Tous semblables et tous différents, vivant leur propre vie en séchant, se tordant, s'aplatissant ou se recroquevillant à leur gré. Ils regardent, ils écoutent, ils se taisent, ils veillent sur nous tous. C'est ensemble qu'ils sont beaux. Ils sont noirs et blancs. Rouges parfois. Parce qu'en travaillant j'ai repensé à la « prière aux masques » de Senghor.


Du katara ( masque en langue xârâcùù) au takara ( trésor en japonais), juste deux syllabes à échanger. Tous les jours, je lis le journal avec les ciseaux. J'essaie d'écrire des haikus.

Je ne suis pas d'ici. Je ne suis pas xârâcùù. Je ne suis pas non plus japonaise. Je peins des katara et j'écris des haikus. C'est mon trésor.
                                                                                 6 septembre 2010


Evidemment, c'est aussi dédié à tous ceux et celles qui hébergent des kataras  ou qui en hébergeront un jour. Evidemment. Et à tous ceux et celles qui m'ont encouragée ces dernières années.



samedi 11 septembre 2010

Il y a tant de façons de voyager

Les artistes des îles Salomon sont arrivés jeudi, ceux du Vanuatu hier .
On dit  ici qu'il existe  un  grand banian dont une racine passe sous la mer pour rejoindre Ouvéa.
Il n'y a pas qu'une façon de voyager.
Aujourd'hui, c'est le tour des Fidjiens et des Papous. Et demain, tout le monde part pour Koné. C'est sans doute là qu'il y a 3000 ans  sont arrivées les premières pirogues.

En attendant, je vais peut être peindre un katara ou 2.


Il y a de la place dans la pirogue pour le banian habité de Tanna 

vendredi 10 septembre 2010

à l'ombre



J'ai tourné longtemps mais j'ai fini par trouver l'endroit. C'est l'ancienne prison civile. Les katara vont passer un mois à l'ombre en bonne compagnie. Je me sens épuisée mais aussi soulagée.

La maison est vide  sans eux.  Vernissage vendredi soir.  Je sais, c'est un peu loin...je vous raconterai

Côté pirogues, les gouvernails sont arrivés.

jeudi 9 septembre 2010

Mais où est la pirogue ?


Il pleut des cailloux. S'ils pouvaient, en retombant, tracer des chemins pour les Petits Poucets Perdus.

Toujours les mots de René Char. "... On ne peut pas au sortir de l'enfance indéfiniment étrangler son prochain. Si les volcans changent peu de place leur lave parcourt le grand vide du monde et lui apporte des vertus qui chantent dans ses plaies..."

La difficulté, c'est de construire autre chose que des ruines sur le grand vide du monde. Essayer la poésie.


J'ai emballé  une cinquantaine de katara dans du papier journal, je n'avais rien d'autre sous la main et entassé  tout ça  dans le coffre ( de la voiture, je n'ai toujours pas de pirogue), entre deux nattes. Emballés, les katara ressemblent à des fusils mais c'est tout le contraire. Je m'en vais de ce pas les livrer ( les délivrer ?)

(Jusqu'au 24 septembre,  Journal de pirogue est une petite bifurcation du Rêve des Laveuses. Rempli d'images à ras bord, il était repu mais moi non)


PS : L'espace d'un instant, en apprenant qu'une bassine se remplit goutte à goutte dans la chambre bleue là bas, de l'autre côté de la Terre,  j'ai eu envie de grimper sur le toit replacer la tuile fautive. Home sick, l'espace d'un instant. Une bassine, c'est pas la mer à boire, pas de quoi se noyer.  De toute façon, il y a la pirogue.  Et je nage très bien.